Interview de C.Terrée

1. Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire CSU ?
CSU est né de la combinaison de trois principaux éléments :
1) Un lieu : la ville de Vancouver et sa région. Un endroit qui me fascine et qui offrait
un décor idéal pour le genre d'histoires que je voulais raconter.
2) Une obsession personnelle : vouloir montrer à travers ce que j'écris les
conséquences humaines de la violence, une chose à laquelle j'ai été exposée en
habitant à Belfast, et plus particulièrement sur la durée - d'où le format de série.
3) Enfin, je voulais également créer un personnage principal complexe et "positif". À la
fois efficace dans son métier et capable de faire preuve d'empathie et de compassion.
 
2. Où travaillez-vous ?
J'habite à Belfast, en Irlande du Nord, depuis 1990. En plus d'être auteur, je suis aussi
graphic designer (graphiste), à mon compte, ce qui me permet de travailler dans
différents endroits. L’essentiel du temps, c’est chez moi, à Belfast. Mais je travaille
aussi quand je suis à Vancouver (Canada), où je passe environ six semaines par an.
 
3. Quel est le premier livre que vous avez écrit ?
Mon premier livre publié (en format édition) s'appelle Délit de fuite. Juste avant ça,
deux de mes romans ont été publiés dans le magazine Les Aventuriers.
 
4. Combien de temps mettez-vous pour écrire un tome de CSU ?
Entre six et neuf mois.
 
5. Est-ce que vous pensez que l’héroïne, Kate, vous ressemble ? Ou alors
aimeriez-vous lui ressembler ?
C’est une question très intéressante... et très difficile ! La personnalité de Kate est en
grande partie basée sur la mienne et nous avons beaucoup de choses en commun. Je
n’aime pas vraiment parler de moi, j’ai des posters de Miró partout dans ma maison, je
porte un bracelet Tibétain – et, comme elle, j’ai vécu des choses difficiles dans ma vie.
Mais il y a aussi des tonnes de choses qui nous séparent ! Je n’habite pas à
Vancouver, je ne conduis pas de Volvo, je ne fais pas partie du FBI et ma vie au
quotidien est bien moins dramatique que celle de l’agent Kovacs !
 
6. Aimeriez-vous vivre ce que Kate Kovacs vit ?
Pas dans sa vie personnelle, parce que son passé est vraiment très dramatique ! Mais
sur certains aspects, oui... J’aimerais être aussi courageuse qu’elle, arrêter de
dangereux criminels et apporter une forme de réconfort et de justice à leurs victimes, à
leurs proches... Et aussi, travailler avec une équipe aussi super que la sienne !
 
7. Connaissez-vous le thème que vos livres côtoient à chaque page : la police ?
J’ai fait de nombreuses recherches sur le sujet, mais je ne connais pas
personnellement d'agent du FBI, ou d'officier du VPD !
 
8. Est-ce compliqué de trouver des idées différentes pour chaque nouvel «
épisode » de la série CSU ?
Non. C’est l’aspect de l’écriture de la série que je préfère ! Cela prend beaucoup de
temps, surtout parce qu’il s’agit d’enquêtes, où tous les éléments doivent se combiner
de façon précise, un peu comme les morceaux d’un puzzle : indices, pistes, suspects,
etc. Mais construire des histoires, créer des personnages, imaginer des scènes dans
des endroits précis et faire des recherches sur différents thèmes : c'est définitivement
la phase que je préfère !
 
9. Etait-ce un plan tout fait ou bien l'écriture est venue au fur et à mesure, créant
l'histoire?
Je planifie chaque tome de CSU à l’avance, scène par scène. Certains détails ou idées
me viennent en écrivant, mais je sais exactement ce qui doit se passer dans chaque
tome avant de l’écrire... Heureusement, parce que j’écris souvent les scènes dans le
désordre ! :) J’écris par exemple les scènes de meeting au CSU le matin, parce
qu’elles demandent beaucoup de concentration (indices, pistes, suspects). Et les
scènes émouvantes le soir, quand il fait nuit, et que l’atmosphère autour de moi est
plus intime. Je sélectionne aussi des types de musique particuliers pour chaque genre
de scène, en particulier pour les scènes d’action et les scènes dramatiques.
J’ai aussi passé beaucoup de temps à planifier les 12 épisodes qui forment une sorte
de "saison 1" de la série (format lui aussi basé sur celui des séries télévisées), afin que
tous les éléments correspondent, d’épisode en épisode – surtout en ce qui concerne le
passé de Kate, qui est peu à peu révélé.
 
10. Pensez-vous avoir accompli quelque chose dans votre vie d’auteur?
Je l’espère ! Ce que j’aimerais accomplir avant tout ? Valoriser des notions comme
empathie, compassion et respect. Je pense aussi qu’être auteur me permet d’en savoir
beaucoup plus sur les êtres humains, ainsi que sur des domaines très variés - comme
écologie, médecine, balistique, gangs, médecine légale, etc.. Et du coup, cela me
permet non seulement de transmettre plus de choses à mes lecteurs, mais aussi aux
gens qui m'entourent, aux personnes avec qui j'entre en contact dans ma vie.
 
11. Pourquoi avez-vous choisi de faire éditer vos livres en version numérique ?
C’est un format que j’utilise personnellement – et que j’apprécie. Aussi, dans le cas de
CSU, il arrive que certains tomes en version papier soient en rupture de stock (ce qui
est très frustrant dans le cas d’une série !) : un problème que la version numérique
permet de résoudre. Enfin, CSU est populaire au Canada, où les livres sont parfois
difficiles à trouver et sont plus chers qu'en Europe, à cause des frais de transport... Un
autre problème que la version numérique permet de résoudre !
 
12. Pourquoi écrivez-vous des prologues aussi mystérieux et, donnez-vous la
"solution" de cette "énigme" dans un des livres ?"
Les prologues de CSU sont eux aussi basés sur le format des séries télévisées où
chaque épisode commence généralement par un "teaser" – une scène qui accroche et
donne envie d'en savoir plus. Dans le cas de CSU, c'est aussi le seul moment où le
point de vue n'est pas celui de Kate, vu que la série est écrite à la première personne.
Cela donne donc l'opportunité de rentrer dans la tête d'un autre personnage, et dans
certains épisodes de voir Kate perçue par quelqu'un d'autre – comme c'est le cas dans
le prologue de CSU #05 : LE PRÉDATEUR ou CSU#06 : IMPACT. Dans d'autres
tomes, il faut parfois avoir lu une bonne partie de l'histoire, afin que 'l'énigme du
prologue" soit "résolue"
 
Interview de Caroline Terrée pour Lecturados. 2013. © Copie interdite.